Par une nuit sans lune...

Je pousse la porte des cachots, qui grince atrocement. Non, je ne suis pas perdue, et oui, je sais très bien que je n'ai pas le droit d'être là à minuit passé. Mais j'ai une très bonne raison d'être dans les cachots dans le noir total. En tous cas, j'essaye de m'en convaincre, parce que toute à l'heure, à la lumière de la lampe, ça ne semblait pas être le bout du monde, mais maintenant... Et bien je suis frigorifiée et les bruits de rats ne me disent rien qui vaillent. S'il ne se pointe pas dans les dix minutes avec sa baguette, je remonte me coucher. Un grincement atroce retentit dans la nuit. Je sursaute violemment avant de me rendre compte que c'est moi qui ai refermé la porte en reculant. Je revois donc mes plans : s'il ne se pointe pas dans le quart de seconde qui vient, je remonte dans la salle commune.

Alerté par un bruit atroce, je décide de sortir de mon bureau dans lequel je travaillais.

- Lumos

Comme prévu, je me retrouve nez à nez avec quelqu'un, une élève de Gryffondor.

- Mademoiselle Bellefeuille, vous savez certainement qu'il est interdit de se promener dans le chateau à cette heure-ci ? J'enlève dix points à Gryffondor. Et comme je sais bien que vous n'êtes pas venue sans raison, je veux savoir pourquoi vous êtes là. Et pas de somnambulisme s'il vous plait.

Raté : moi qui voulais sortir l'excuse du somnambulisme, c'est plutôt compomis, là... Réfléchir, vite, réfléchir... Mais rien ne vient et au moment où je vais ouvrir la bouche pour marmoner une explication tout aussi ridicule qu'inaudible, j'entends des bruits de pas lourds dans le couloir. Aucune discrétion, s'en est rageant. Et bien entendu, je ne suis pas la seule à entendre l'éléphant arriver. Le professeur Malkow se retourne vers Poulter qui fait une tête de merlan frit. C'est de sa faute si nous sommes dans ce pétrin, mais à l'évidence, il ne dira rien. Alors je soupire : je n'ai plus qu'une solution, dire la vérité. Et tant pis pour Poulter.

- Poulter a cassé sa baguette en duel, il m'a demandé de la lui réparer.

Je suis la meilleure de l'école en sortilèges, et la seule ou à peu près à savoir réparer les baguettes. Et ce qui est sûr, c'est que je suis aussi de loin la plus stupide.

Comme par hasard, la personne qu'elle venait voir, c'était Poulter. Décidément je vais finir par le tuer. Rien qu'à entendre les pas se rapprocher je sais déjà qu'il s'agit de lui, pas besoin de le voir pour en être sur

- Évidemment Monsieur Poulter est dans le coup. J'aurais du m'en douter dès le début.

Déjà il avait détruit bonne partie des réserves de poudre à sortilège que j'avais créée et inventée, et maintenant le voilà avec sa baguette.

- Poulter, quand arrêterez vous d'être aussi stupide ? D'être aussi catastrophique ? Si vous continuez ainsi je vous promets que je ne vous laisserais pas finir l'année ici.

Et ce serait mieux pour tout le monde en plus.

- Gryffondor perd quinze points ainsi que Serpentard. Mademoiselle Bellefeuille, vous allez échapper à la retenue car je vous crois sur paroles. Par contre Poulter ca vous en fera deux. Une pour les réserves de poudre et une pour ce soir où vous ne vous contentez pas de vous mettre seul dans le pétrin. Non désormais vous préférez faire glisser avec vous les élèves brillants. Mademoiselle Bellefeuille, n'aidez plus Poulter pour quoique ce soit dorénavant. Je ne voudrais pas que vous passiez du côté obscur de cette école.

Elle est de Gryffondor mais je ne peux m'empêcher de l'apprécier. C'est une jeune femme pleine d'esprit et très intelligente. Je l'échangerais sur le champ avec Poulter si j'en avais l'occasion.

Je hoche la tête en me hâtant de retrouver mon dortoir : j'ai de la chance d'être tombée sur le professeur Malkow, il est dur mais juste. Et surtout, il connaît cet abruti de Poulter. Je ne suis pas sûre que Mia Keim ait été aussi clémente, j'aurais eu le droit à ma retenue...

En passant dans les couloirs, j'entends des bruits de conversation qui viennent des cachots. En arrivant, mon sang ne fait qu'un tour : Poulter.

-Encore vous, Poulter!!! Mais vous ne cesserez donc jamais de pourrir la vie de vos contemporains!!!! Ma destinée est donc de vous croiser partout où je vais, même la nuit!

Je me tourne vers Casper:

-Qu'avait-il encore comme excuse, ce troll ma dégrossi?

C'est le moment que choisit Vincent pour faire son apparition, certainement alerté par le bruit fait par les deux élèves. Je suis bien content que Liloia soit déjà parti. Vincent est son directeur de maison et je ne souhaite pas qu'elle ait d'ennui à cause de Poulter. Même si elle non plus n'avait rien à faire là.

- Tiens, Vincent. Je viens de lui donner une double retenue. La première pour les réserves qu'il a détruite pendant ton cours de ce matin et la deuxième pour maintenant. Pour avoir sorti l'excuse de la crise de somnambulisme.

Je vois Poulter essayer de parler et l'arrête aussitôt.

- Vous parlerez quand je vous autoriserais à le faire et n'essayer pas de vous justifier. Ca ne ferait qu'aggraver votre cas. Et comme je vous l'ai dit à l'instant, ma patience à des limites Poulter, même si celles-ci sont très lointaine. Je vous conseille de ne pas les atteindre. Je ne suis pas sur que vous en sortiez vivant. Maintenant, filez vous coucher. Je ne veux plus vous voir.

J'attends qu'il parte et me retourne vers Vincent.

- Tu sais réparer des baguettes toi ? Parce que figure toi que quand tu l'as expulser de ton cours, il a cassé sa baguette.

Je ris franchement.

- En fait, même si tu sais le faire, ne le fais pas. Qu'il en rachète une, il ne mérite pas mieux.

Je souris:

- Tu lis dans mes pensées : oui, je sais réparer les baguettes, et j'allais justement te dire qu'il pouvait se la mettre là où je pense, sa baguette cassée. Ce gamin m'exaspère. Je trouve que tu es très zen en ce moment, je me souviens de quelques élèves de ta maison qui auraient douillé bien plus que ça, dans le temps! Tu te ramollis en vieillissant. Fais attention, tu vas finir en papi gâteau!

Je lui adresse un clin d'oeil et enchaîne:

-Ceci étant, j'étais sûr d'avoir entendu un autre élèves que ce répugnant Poulter. Mais j'imagine que mes oreilles m'ont trompé...

Si Casper couvre un élève, tant mieux pour lui, je ne chercherai pas à en savoir plus. Il a ses raisons après tout, et si quelqu'un me retorque que Poudlard doit être juste, je me gausse : la justice après tout, c'est une question toute relative.

- Je suis très zen car nous n'en sommes qu'au tout début de l'année. J'ai envi de me pousser un peu dans ses retranchements alors je vais accentuer les punitions. Pour voir jusqu'où il tient si tu vois ce que je veux dire.

Et je suis sur que Vincent voit très bien ce que je veux dire. Je le pousserai à bout. Et de toutes façons il ne mérite pas mieux tant il déshonneur ma maison.

- Non Vincent. Tes oreilles ne t'ont pas trompé. Il y avait bien deux élèves. Mais en ce qui concerne la deuxième personne, il n'y a aucun intérêt à ce que tu saches de qui il s'agit. Ce sera un secret entre nous.

Je connais Vincent et je sais qu'il ne voudra pas en savoir plus. Et de toutes façons il sait aussi que même s'il avait souhaité en apprendre davantage il n'aurait rien obtenu de moi. On se connait bien tous les deux et surtout on se comprend bien car nous avons les mêmes codes de conduite.

J'entends des voix : alors soit je me suis métamorphosé en Jeanne d'Arc, soit il y a quelqu'un dans les cachots. Bingo, il y a du monde:

-Messieurs! C'est une heure bien tardive pour une petite promenade. Y aurait-il un problème?

- Oui, il y a un problème nommé Poulter qui se baladait dans les couloirs en réveillant tout le monde. Mais le problème est résolu. Nous étions en train d'en discuter tranquillement avec Vincent qui a eu lui aussi des problèmes avec ui ce matin.

Encore une fois je juge qu'il est inutile de parler de Liloia. Encore plus inutile cette fois.

- J'ai déjà prévenu Poulter qu'il aurait deux nouvelles retenues.

Je lui donnerais d'ailleurs ses tâches assez rapidement.

Je souris:

-Bon, je vois que vous avez la situation bien en main. Je n'insiste pas. Néanmoins, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je recevrai ce M. Poulter dans mon bureau, demain matin à la première heure. En attendant, allons nous coucher messieurs, je crois qu'il n'est pas bon de rester dans les cachots, si tard la nuit. Nous pourrions y rencontrer de mauvais esprits.

Je souris pour moi-même : depuis le temps que je fréquente les esprits...

- J'aimerais avoir moi aussi un entretien avec vous demain et si possible avant que Poulter ne vienne vous voir. Un entretien tout ce qu'il y a de plus détendu ne vous inquiétez pas, je veux juste savoir avec qui je travaille.

J'aime bien me rendre compte par moi même de qui sont les personnes que je cotoie. Je préfère ca plutôt que de les connaitre par réputation.

- Pour ce qui est de Poulter, je veux bien que vous le voyiez, cela va de soit mais le problème n'est pas tant son comportement de ce soir que précédemment dans la semaine. Je pense que Vincent vous en parlera mieux que moi encore.

-Je vous attends donc demain pour un entretien, avant ce monsieur Poulter. A l'heure que vous souhaitez, mais dans la matinée, si c'est possible pour vous.

L'après-midi, j'ai rendez-vous au ministère de la magie, et on ne fait pas faux bond au ministre...

- Et bien à demain matin Monsieur Pilgrim. Je vous souhaite une bonne nuit.

Je me tourne vers Vincent, toujours là et lui dit avec un signe de tête voulant dire au revoir :

- Vincent

Je retourne dans mon bureau puis dans ma chambre afin de dormir un peu.

Je hoche la tête et retourne dans ma chambre. Mais ce Poulter ne paye rien pour attendre : ça prendra le temps que ça prendra, mais il regrettera amèrement d'être venu au monde avant la fin de cette année scolaire. J'en fais une affaire personnelle.