fringale matinale

*Je m'installe dans les cuisines, bien que je sache que les élèves n'y sont pas les bienvenus. J'ai faim mais je n'ai aucune envie de me mettre dans la salle. Les cours n'ont pas encore repris et je profite du calme ambiant. La cuisine est vide, il est très tôt et les elfes de maison ne sont pas encore levés. Qu'à cela ne tienne, je sais faire à manger. Je commence donc à préparer une base pour des pancakes au sirop d'érable.*

Je pousse la porte des cuisines, persuadé d'être seul, à une heure aussi matinale. Mais surprise, il y a déjà quelqu'un. Je la reconnais dans la pénombre : Lorelei. Bon, elle est à Serpentard alors ça va. Le légendaire mépris des serpentards pour le règlement...

-Salut Lorelei. Toi aussi, tu es tombée du lit.

Je la regarde faire la cuisine et fronce le nez:

-C'est un travail d'elfe, ça!

Je me rends compte que mon ton est méprisant, mais je n'y peux rien si les elfes de maison sont là pour nous servir, si? Mais je sais que ça peut choquer, et ce matin, je suis moins mysanthrope que d'habitude. Je ne sais pas, aujourd'hui c'est un jour où j'ai besoin de papoter. Ca arrive aussi aux meilleurs d'entre nous.

-Et tu fais ça souvent?

Encore une fois, je me rends compte que ma phrase peut être mal interprétée : je ne suis pas un grand pro de la parole.

-Tu m'en ferais pour moi aussi?

Et encore une maladresse. Je vais passer pour un gros goujat... Je vais me taire, ce sera mieux...

*Un travail d'elfe? On aura tout entendu... je reste mutique, je ne relève pas, ça vaut mieux... je continue de regarder ma préparation et je la verse en petits tas sur une poele. La pâte grésille doucement et une délicieuse odeur se répand dans la cuisine.*

- Oui, je le fais souvent. Nous n'avons pas d'elfe chez moi et les tâches ménagères ne se font pas toutes seules.

*Je dépose les pancakes dorés sur une grande assiette que je mets au milieu du plan de travail, entre Ulric et moi. Ilpeut se servir s'il le souhaite, mais je ne lui ferai pas le plaisir de lui "faire" son petit dèj.*

Je vais encore m'empètrer dans mes propres paroles, mais je tente quand même, histoire de sauver les meubles... Ou ce qu'il en reste...

-Je ne voulais pas dire que tu étais un elfe de maison... Ni que tu devais me faire la cuisine... Enfin, tu comprends?

Elle n'a pas l'air de comprendre. En fait, elle n'a même pas l'air d'avoir envie de faire un effort pour comprendre.

-Je peux en prendre un, je crève de faim?

Je n'ose pas me servir, et c'est assez étrange si on y pense, parce que d'habitude je ne m'embarrasse pas avec des détails aussi futiles que la politesse ou la bienséance. Ca me passe complètement par dessus la tête.

*Les explications embroillées d'Ulric me laissent perplexe et je suis déstabilisée pendant quelques secondes, ne sachant quel comportement adopter. Ce mec est décidément très particulier. A chaque fois que je le vois, je me fais cette réflexion qu'il a l'air d'un autre monde. Je n'arrive pas ni à le cerner ni à prévoir ce qu'il va bien pouvoir dire ou faire. C'est énervant autant que passionnant.*

- Non, pas vraiment...*je réponds, franchement* mais ce n'est pas grave, tu peux quand même te servir.

*Je fais glisser l'assiette vers lui, en signe de paix, et je commence à préparer la garniture pour mon petit déjeuner: des rondelles de banane noyées dans de la sauce au chocolat. Ce faisant, j'observe Ulric à la dérobée. Je ne m'étais jamais rendue compte qu'il était mignon. C'est étrange, quand on y pense, parce que je le connais depuis des années. Je n'avais tout simplement pas pris le temps de le regarder jusque là... Prise de remord à l'idée que je n'ai jamais vraiment cherché à le connaître, je demande:*

- C'est quoi, cette année, ta matière phare?

*En 6ème année, chacun choisit une matière qui lui permettra de passer des examens relatifs à son futur domaine de compétence, en dernière année.*

Je me sers gauchement et mange, en silence, pour éviter de bafouiller encore. Elle est super sexy, cette fille, c'est certain, mais d'habitude, il m'en faut bien plus pour perdre pied. Mes yeux glissent rapidement sur son cou et sa poitrine : très sexy.
J'élude la question et réponds, en contre partie:

- Et toi, c'est quoi ta matère phare?

Je n'aime pas trop parler de moi, et surtout pas quand je suis dans cet état-là. D'habitude, je n'ai aucun mal à jeter mon air méprisant à la figure de tout le monde. Quand cet air-là me me fait défaut, je ne sais pas trop comment réagir...

- La divination.

*Je me retiens d'ajouter "comme l'an dernier". Après tout, je ne sais pas plus que lui, toute réflexion serait mal venue. D'autant qu'au final je ne devrais pas en avoir quelque chose à faire qu'il s'intéresse à moi ou pas. Je m'embrouille toute seule, il vaut mieux que je me calme avant de dire quoi que ce soit de bizarre. Pour me donner une contenance, je me prépare quelque chose à boire bien que je n'aie absolument pas soif. Je presse méthodiquement les oranges en cherchant quelque chose d'intelligent à dire.*

- Alors, ça te plaît?

*Pathétique. Définitivement pathétique. Comme si la qualité de mes pancakes avait un quelconque intérêt.*